24/05/2018
Le drame de Kerdonis
Photo prise par moi lors de mon séjour à Belle Île
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Comme je vous l'ai dis, je viens tout juste de prendre quelques jours de repos à Belle Île.
Le séjour fut plus qu'agréable. J'ai pu visiter l'île dans son intégralité.
Je suis passé devant les trois phares de l'île.
En effet, à Belle île, il existe trois phares : Le phare des Poulains au nord ouest, à la pointe des Poulins le grand phare, le phare de Gouphar au sud-ouest et le phare de Kerdonis au sud est.
Je vais vous narrer un fait divers, qui s'est déroulé à Belle Île. Il fut connu, à l'époque, dans la France entière et même de façon internationale.
C'est dans la nuit du 18 au 19 avril 1911 que survint le drame de Kerdonis.
Il se déroula dans le phare de Kerdonis.
Le gardien du phare, Alexandre-Désiré Matelot, alors âgé de 51 ans, fut pris de violentes douleurs abdominales alors qu'il nettoyait la lentille du phare. Pour cela, il fallait pour bloquer, par sécurité, la rotation de la lampe, dévisser un boulon. Il ne put terminer son ouvrage, oublia de revisser le boulon et descendit, tant bien que mal, se coucher dans son lit.
En effet, la rotation de la lampe était assurée par un dispositif de poulie et de poids. Il fallait remonter un poids toute les trois heures.
A son retour, sa femme, Eugénie, le trouva blême, la douleur avait empirée.
Dans la soirée il était de plus en plus le mal empira encore tant est si bien qu'il expira, avant la fin du jour, à 7 h 45. Son décès fut, vraisemblablement, dû à une péritonite sur abcès appendiculaire liée à une appendicite aiguë.
Sa femme, la nuit tombante, alla allumer la lampe puis redescendis pour faire la toilette du corps. Quand soudain sa fille aînée lui dit alors : "maman la lampe ne tourne pas !".
Eugénie, sur ses cinq enfant, il ne lui restait que trois vivant au phare. Deux fille : une âgée de 14 ans, Marie, une de 10 ans, la petite Eugénie et un garçon de 13 ans, Charles.
Toute la nuit, neuf heures durant, à tour de rôle Eugénie et ses deux grands enfants firent tourner la lampe, à la main.*
Eugénie et ses trois enfants : Marie, Charles, Eugénie
C'est ainsi qu’eut lieu le drame de Kerdonis, où deux enfants empêchèrent, alors que la mer était déchainée, que des bateaux coulent sauvant ainsi la vie de nombreux marins.
Mais l'histoire n'est pas finie.
L'administration rechignai à lui verser la solde du salaire de son mari.
Agacé par un tel traitement, le percepteur de Belle-Ile décide d’adresser le 3 juin un courrier au quotidien parisien Le Figaro.
Celui-ci lance une souscription.
Son histoire passa, aussi, dans Le Temps et L'illustration. L'article de L'Illustration paîtra le 17 juin 1911 dans son numéro 3564.
Très rapidement Eugénie perçu la somme due par l'administration et une indemnitée.
Pour son courage et son héroïsme, Madame veuve Matelot, née Eugenie Bedex, reçue, même, la légion d'honneur et le Ministre des Travaux Publics lui remet la médaille d’or du ministre des Travaux publics, Postes et Télégraphes.
Mais surtout, Eugénie retrouve un nouveau poste au phare de Kernevel, à Lorient.
L’histoire du phare de Kerdonis montre bien le rôle joué par la presse, le quatrième pouvoir.
D’un évènement passé presque inaperçu, l’affaire du phare de Kerdonis a pris des proportions considérables. Au point de demeurer aujourd’hui un élément important de l’histoire de Belle-Île-en-Mer.
Le phare de Goulphar à Belle Île en Mer
*Depuis 1982, le phare est automatisé . Maintenant il est commandé à partir du phare de Goulfar.
12:16 Publié dans Anecdote, Culture, Loisirs, Photographie, Potins, Science, Société, Vidéo, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)
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