15/09/2022
Une brève histoire de L’HTA (Hypertension Artérielle) et du rôle des compagnies d'assurance
Allez, pour changer, un sujet d'histoire de la médecine.
Un sujet qui illustre, comme je le dis souvent, mon adage : « un peu de culture ne nuit pas, cela évite de mourir idiot ».
Cet article montre comment les mathématiques et, plus particulièrement, la statistique, peut déboucher sur la découverte d'une maladie, l'HTA en l’occurrence.
Ce sera la pensée du jour.
Quoi de plus banal, lors de la consultation du médecin, que la prise de la tension artérielle.
Combien de fois ais-je utilisé, lors de ma carrière professionnelle, mon appareil à tension Vaquez Laubry et mon stéthoscope Laubry, tout deux de la marque Spengler ?
C'est ce simple geste qui m'a permis de traiter un nombre très important d'HTA, évitant, ainsi, l'évolution de cette HTA vers une maladie hypertensive qui s'attaque, entre autre, au cœur au cerveau et au rein.
Mais qu'elle est l'histoire de la découverte de la tension artérielle et son application dans la maladie hypertensive ?
1°) Petit rappel historique :
C’est à Stephen Hales que l’on doit la première mesure, sur le cheval, par voie sanglante, de la force du sang, en 1733.
Chez l’homme, la pression artérielle (PA) n’a pu être mesurée qu’après la mise au point de sphygmomanomètres portables par Marey, puis Potain, au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle.
La mesure par la méthode auscultatoire s’est imposée après la description des « bruits » de Korotkoff en 1905.
Enfin, le holter tensionnel ou MAPA (Mesure Ambulatoire de la Pression artérielle) est un enregistrement de la tension artérielle durant 24 heures. Il permet de confirmer l’HTA (Hypertension Artérielle) et de vérifier l’efficacité du traitement de l’HTA. Pour la petite histoire, le nom de holter provient du nom du biophysicien américain Norman Holter, qui créa la technique du holter cardiaque en 1949, sous forme d'une valisette portable d'un peu plus de 30 kg.
Enfin est utilisé l’auto mesure faite par le patient.
2°) Découverte de l’HTA en tant que maladie
Dans mon article du 01/01/2022 : « Adolphe Quetelet, l’indice de Quetelet et l’IMC ou BMI », j’évoque la découverte de l’IMC par Adolphe Quetelet l'un des fondateurs de la statistique moderne. En effet, c’est grâce a ses connaissances en statistique qu’il a mis au point sa découverte.
Eh bien, c’est la même chose pour la découverte de l’HTA comme maladie.
C’est aux compagnies d’assurance qui, en s’appuyant sur des études statistiques, que l’on doit l’individualisation de l’HTA en tant que maladie.
Les compagnies d’assurance reconnurent rapidement que les sujets hypertendus présentaient un risque accru de mortalité, mais nombre de médecins interprétaient l’excès de PA comme un phénomène compensatoire physiologique. Les études épidémiologiques entreprises après la seconde guerre mondiale, dont celle de Framingham, ont démontré que la PA, même modérément élevée, était un facteur de risque de mortalité, d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral, ou d’insuffisance cardiaque.
De grandes études d’intervention randomisées contrôlées réalisées après la mise sur le marché des diurétiques thiazidiques à la fin des années 1960, puis de plusieurs autres classes d’antihypertenseurs, ont conforté le rôle de facteur de risque indépendant de l’hypertension artérielle.
Il s’en suivit un débat animé pour définir les objectifs thérapeutiques différents selon le niveau de risque.
L’objectif de 90 mm de mercure, pour la PA diastolique, a été assez rapidement fixé, mais celui de la PA systolique a été en suspens jusqu’à un passé tout récent. Pourtant, dans le diabète, comme chez les autres sujets à haut risque, il ne semble pas qu’un objectif de PA à la baisse par rapport aux sujets à faible risque apporte un bénéfice supplémentaire.
3°) Les traitements de l'HTA
C'est dans les années 1960 que les premiers médicaments anti hypertenseurs furent mis au point ; d'abord les ganglioplégiques associés au régime désodé puis, très vite, aux diurétiques mercuriels et aux diurétiques thiazidiques. Puis , avec les progrès de la connaissance physiologiques de la régulation de la tension artérielle furent découverts de très nombreuses molécules anti hypertensive : bêtabloquants, inhibiteurs calciques, IEC, ARA2. Ce qui a permis de traiter efficacement l'HTA notamment avec les associations médicamenteuses (bi ou tri thérapie). Il est a noter qu'il existe des médicaments qui associent deux principes actifs dans le même comprimé.
J'ai personnellement vécu la découvertes de ces molécules à partir des inhibiteurs calciques. Cela est loin de me rajeunir.
Tous ces médicament firent la fortune des laboratoires pharmaceutique avant l'ère des médicaments génériques.
4°) Une page d'histoire : la minute culturelle
Pour la petite histoire, lors de la conférence de Yalta, Staline (qui mourra d'une hémorragie cérébrale liée, elle aussi, à une HTA), alors en parfaite santé, fut en positon de supériorité car opposé à Churchill et, surtout, Roosevelt tout deux atteint d'HTA évoluée au stade de maladie hypertensive. S’il y avait eu les traitements de maintenant, le cours de l'histoire aurait peut être pu changer.
5°) L'automesure
L'automesure joue un rôle non négligeable dans la confirmation d'un diagnostic d'HTA.
Les tensiomètres d'automesure sont d'autant plus intéressants qu'ils mesurent la fréquence cardiaque permettant, ainsi de diagnostiquer, très facilement, des bradycardies et des tachycardies. Pour la petite histoire, c'est un tensiomètre d'automesure qui m'a permis, chez lui, en Charente-Maritime, de porter le diagnostic de BAV sur une bradycardie chez mon second beau père ce qui a débouché sur la pose d'un pacemaker.
Pour ce qui est du choix des tensiomètres d'automesure, actuellement en 2022, la marque Omron vient en tête.
L’histoire de la tension artérielle et de l’auto mesure en vidéo :
Références :
- Histoire de l’Hypertension Artérielle
- Facteurs de risque : la contribution méconnue des premiers médecins d’assurance sur la vie
- Les va-et-vient de l’histoire de l’hypertension artérielle
- Hypertension artérielle (Manuel MSD)
- Adolphe Quetelet, l’indice de Quetelet et l’IMC ou BMI
- Le guide des meilleurs tensiomètres électroniques 2022
- Roosevelt le visage hagard, les traits tirés à Yalta
15:57 Publié dans Culture, Culture, Histoire, Histoire de la Médecine, La pensée du jour, Le mot du jour, Maladies des Hommes Célèbres, Médecine, Politique, Santé, Société, Société, Vidéo, Vie pratique | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Bonsoir cher docteur,
Quel fut l'intérêt initial de s'intéresser à la tension ? Seulement l'envie du savoir ?
Bonne soirée
Écrit par : Hibou | 17/09/2022
@Hibou - Tout à fait.
Dans le cas de la mesure de la pression artérielle c'était la curiosité de savoir son chiffre. Cela était le cas des recherches au siècle des lumières (XVII ème).
Les découvertes commencent par les sciences fondamentales dans le but d'expliquer des phénomènes ou bien pour des raisons bien précises (mesure du temps notamment pour organiser la vie sociale, religieuse et économique des sociétés et l'on demandes aux scientifique de trouver une solution). Puis viennent les sciences appliquées.
Parfois c'est le pur hazard (la découverte de la radio activité et des rayons X, des antidépresseurs du VIAGRA) qui incite les scientifiques à trouver l'explication puis viendra l’application de ces recherches.
Écrit par : Docteur Sangsue | 18/09/2022
Et pour les groupes sanguin, aussi la simple curiosité du savoir ?
Je trouve bien, le siècle de la lumière pour mettre un terme au obscurantisme. Mais aujourd'hui, je trouve que la science va parfois trop loin (le clonage par exemple, l'idée de créer des organes via des cellules...) Jai un malaise du point où est l'intérêt et jusqu'où ira-t-il ? Là, je pense toujours au roman "Frankenstein".
Pour moi, il est moins un roman fantastique que philosophie, voire d'éthique médicale. Le contenu posé les questions suivantes : jusqu'où peut-on aller avec la recherche ? A-t-on le droit de s'immiscer dans l'œuvre du mystère de la vie et de la mort ?
Probablement, ai-je tort, en tant que non scientifique, mais des questions s'imposent de soi-même.
Bon dimanche
Écrit par : Hibou | 18/09/2022
@Hibou - pour ce qui est des groupes sanguins dan des temps lointains des transfusions ont été réussites dan des temps anciens " sous Louis XIV la plus ancienne transfusion entièrement documentée connue et réussie le 15 juin 1667". Mais vus le très grand nombre d'accidents mortels, elle fut interdite. Landsteiner a montré que du sang humain mélangé a du sang animal coagulait. ce fut le début de la découverte des groupes sanguins. Cefut une découverte raisonnée.
Actuellement la science est à la base des découverte que j'appelle raisonnée.
Le bébé éprouvette n 'est, ni plus ni moins que l'application des découvertes en biologie. Tout comme la pilule.
La simple pilule a un impact très important et utile pour l'Homme (avec un grand H (pour l'humanité), alors que c'est à la femme qu'elle s'applique).
Effectivement se pose maintenant les limites de l'application des connaissances qui vont de plus en plus loin.
D'où les comités d'éthique
Écrit par : Docteur Sangsue | 18/09/2022
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