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28/01/2008

Ecouter toujours, croire parfois... Attention danger

I - Le syndrome méditerranéen (X ième version), variante du délit de sale gueule

A deux pas de mon cabinet s'est sédentarisée une tribu, le mot est excessif, une vraie famille gitans. Je les ai pris en soins depuis peu car ils se sont fâchés avec le successeur de leur "Médecin Traitant".

A la consultation du matin, le volet roulant à peine relevé, le premier patient me dis : "Je crois qu'il y a une urgence". Le patient, 47 ans, un des gitan sédentarisés est accompagné de son frère. Je le fait rentrer dans le bureau d'examen, et lui demande ce qu'il a.

- "Jai le coeur qui bat vite et j'ai mal à la poitrine".

Ce patient, fumeur, avait déjà présenté ce type de malaise et devait passer un test a la dobutamine, vu son asthme stade III (?), il est en invalidité pour cela, mais il avait alors quitté l'hôpital militaire du coin contre avis médical accompagné d'une lettre pour moi du chef de service de cardiologie (ou de son adjoint), carabinée, concernant ce patient le déclarant, en subtance, personna non grata dans son service.

Cette douleur, intuition de métier, ne me faisait pas songer à un infarctus. Pourtant le patient décrivait sa douleur la main à plat sur la poitrine. Alors ne serait-ce pas une "somatisation" de la mort de sa mère chez ce patient méditérranéen ? Il faut préciser, à ma décharge, que ce patient avait perdu sa mère il y a deux mois.

Je pose le stéthoscope et, oh surprise, en pleine crise, le patient à une fréquence cardiaque à 180 !

Il s'agit donc d'une tachycardie régulière paroxystique (Maladie de Bouveret).

j'appelle le SAMU.

Moralité :

- Cela me rappelle les propos judicieux d'un interne, alors que j'étais jeune stagiaire externé : "examine tes patients".

- j'ai failli faire une erreur de diagnostic, mais suis-je le seul ? A cause du Syndrome Méditerrannéen (terme médical élégant pour désigner une forme du délit de sale gueule). Il est parfois difficile de soigner des gens qui n'ont pas la même culture (serais-ce le tout début du racisme ?). Mais, moi, j'avais la chance d'avoir ce patient en crise avec une tachycardie avérée et indiscutable.


- Parfois, il faut croire ses patients.



II - J'ai mal de tête


Hématome Sous-Dural

Un patient viens me voir à la consultation pour renouveler son ordonnance. Il est sous anticoagulant car il a eu un remplacement valvulaire aortique. Dans ses antécédant se bousculent deux pathologies qui n'en font qu'une, en fait :

- une série impressionnante d'hémorragies digestives (c'était le début des IPP) qui se sont soldées par une gastrectomie des 2/3.

- une opération de Benthall (remplacement valvulaire aortique et de l'aorte ascendante), lié à une maladie de Marfan.

En fait, ses hémorragies digestives avaient pour causes cette pathologie qui ne fut découverte que par les cardiologues.

La maladie de Marfan est une patologie du tissus élastique qui a la particularité de donner des hommes grands et, parfois, des grands hommes : Lincoln et Le Général De Gaulle en étaient atteints.
Général De Gaulle
"Vive le Québec libre" : Le Général De Gaulle jouait de ses longs bras Marfaniens
A propos de la maladie de Marfan, je me souviendrais toujours de ce jeune patient qui en était atteint et dont les pieds dépassaient du lit de réa chir cardiaque.

Mais je m'égare.

Donc, apès avoir pris sa tension et écouté sa valve, je renouvelle l'ordonnance de ce patient, en double cliquant sur l'ordi, celle ci sort toute faite, la technologie est, parfois, fascinante.

Quand il me dis : "Depuis quinze jours, j'ai mal de tête tous les jours". J'avoue que je n'ai pas été bon sur ce coup là. N'ayant pas percuté, j'ai botté en touche lamentablement.

Une semain plus tard, il viens me voir, toujours à la consultation, mais accompagné de son épouse, il viens toujours seul, là, il se passe quelque chose.

Il me répète :

- "J'ai mal de tête, tous les jours de façon continue et le paracétamol ne me calme pas".

Trés embété, je lui sonseille d'aller aux urgences muni d'une lettre détaillée sur sa patologie et sa thérapeutique en lui parlant d'un éventuel hématome, vu le traitement anticoagulant, bien qu'il me précise qu'il n'a aucun souvenir d'un quelconque traumatisme.

Bien m'en a pris, le scanner réalisé aux urgences, mettait en évidence... un petit hématome sous dural.


III - Moralité :

Il faut croire plus souvent le patient. Nous écoutons toujours nos patients, mais nous les croyons rarement.

C'est parfois difficile lors de la consultation, en Médecine, Générale de trier le bon grain de l'ivraie parmi toute la sémiologie parfois insignifiante livrée par le patient. Il est à noter cependant la priorité, en Médecine Générale de l'interogatoire : 80% du diagnostic est fait à l'interrogatoire, en Médecine Générale, 10% à l'examen clinique et 10% grâce aux examens para clinique.

Les conséquences peuvent parfois être terribles pour le patient (et pour son entourage) et se terminer par... un procès en responsabilité médicale.


Le Sou Médical


Pour la deuxième histoire, j'en frémis encore !

Encore une fois où le Docteur Dominique Courtois ne m'aura pas.

 

19:55 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (6)

Commentaires

c est pour cela que c est un métier difficile et stressant !

Écrit par : Lénia | 29/01/2008

@ Lénia - Des fois pour l'Hôpital, c'est le généraliste le problème, des fois pour le Généraliste, c'est l'Hôpital le problème. C'est, entre autre, le problème du suivi du patient.

Tous les métiers intéressants sont difficiles et stressants, la médecine pas plus qu'un autre. Demande à ma moitiée (elle n'est pas médecin...) ;-)

Écrit par : Dr Sangsue | 30/01/2008

sur l'image de scanner que tu as mis la flèche c'est un extra dural ;)
(mais il y a aussi un tout petit sous dural en controlatéral)

Écrit par : zeclarr | 01/02/2008

Aïe, aïe, aïe ;-) le danger des recherches par images sur google.

Écrit par : Docteur Sangsue | 02/02/2008

Je me disais aussi... ;)

Écrit par : dodo | 04/02/2008

Bonjour,

Je suis journaliste sur la chaîne Public Sénat où je réalise des reportages consacrés à l'actualité du net pour une émission intitulée "Parlons blog". Pour le prochain numéro, je prépare un reportage sur la santé et le net.

Dans ce cadre, je souhaiterais vous rencontrer et vous interviewer. Le tournage est prévu mardi 11 mars.

Je reste bien évidemment à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.

Dans l'attente d'une réponse,


Bien à vous,

Catherine Rougerie
Public Sénat
15 rue de Vaugirard
75006 Paris

Écrit par : rougerie | 01/03/2008

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