Une douleur bien mystérieuse

Je revois Madame Marie Josée F. pour une douleur au niveau du plancher du mandibule inférieur.

Je l’avais adressée à mon correspondant Psychiatre pour un Etat Dépressif Majeur sur Trouble Anxieux (Etat de Stress Post Traumatique).

Ses Troubles Psy ont débutés quand son mari a été mis en liquidation judiciaire pour sa boite informatique, il y a dix ans, l’arrivée de l’huissier n’ayant pas amélioré les choses.

Depuis, avec son mari, elle fait les marchés, mais, il y a un an, des petits malins ont mis le feu à leur camion.

Du point de vue humeur cela va mieux, ce n’est pas encore miraculeux, mais il y a une nette amélioration, elle a un peu plus d’entrain.

Au traitement antidépresseur (CITALOPRAM) et anxiolytique (ALPRAZOLAM) que je lui avais prescrit, le Psy a rajouter un autre médicament dont elle ne se souvient pas le nom, c’est un nouvel antidépresseur me dit-elle, et il faut augmenter très progressivement la dose pour éviter des problèmes cutanés.

Je vois, c’est du LAMICTAL* (LAMOTRIGINE). Ce médicament, qui, à la base, est un anticonvulsivant (donné dans les crises d’épilepsie), est prescrit, en psychiatrie, dans les Trouble Bipolaires avec prédominances de phases dépressives.

D’où l’importance d’un diagnostic en psychiatrie.

A ce propos, je pose souvent cette question à mes patients « Psys », « La Psychiatrie est-elle une spécialité à part entière de la Médecine ou est-elle une spécialité entièrement à part ? »

Cette douleur est bien mystérieuse, à l’examen clinique je ne trouve rien même pas un ganglion anormal, la palpation est normale et je ne vois rien à l’examen de la bouche.

Certes, il y a des douleurs expliquées par des Etats Dépressifs Majeurs, certes il y a le Syndrome de Cotard (syndrome de négation d’organe chez les patients mélancoliques).

Par prudence, chez cette patiente de cinquante ans, et devant cette douleur non étiquetée, je préfère lui faire une lettre pour mon ORL. Je sais bien que, comme elle dis : "je ne fiume pas, je ne bois pas..."