Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/10/2012

« Mais, vous n’allez pas l’examiner ? »




Pour continuer dans la même veine que mon post précédant, une petite histoire qui illuste encore, s'il en était besoin, la dégradation des relation Malades Médecins.

Une mère, et son garçon de 7 ans, entrent dans mon bureau. Elle me dit : « mon fils est faiblard depuis hier soir, il est pâle et ne mange pas ».

Je les fais assoir, et commence à interroger le gamin :
 - « As-tu la nausée ou des vomissements ? »
 - « Oui » me répondit la mère, il a vomit deux fois ce matin.
 - « As-tu la diarrhée ? » non me répondis encore la mère.
 - - « As-tu mal au ventre ? » oui me répondit toujours la mère.

Moi de répondre à la mère, c’est une gastro.

A brûle pourpoint, elle me lance :

 - « Mais, vous n’allez pas l’examiner ? »

 - « Si, après que j’aurais été à la pêche aux infos, laissez moi le temps de vous interroger ».

Le diagnostic en médecine générale, se fait à 80 % à l’interrogatoire, 10 % à l’examen clinique et 10 % grâce aux examens para clinique (prise de sang, radios, échographie, scanner, IRM, Scintigraphie, Ostéodensitométrie et autres joyeusetés) ces petites plaisanteries finissent pas coûter la peau du cul, surtout quand c’est le patient qui fait pression sur le gégé (le généraliste) pour se faire investiguer les organes. Un coup le foie, un coup la rate, un coup le gésier…).

En Psychiatrie, le diagnostic se fait, en très grande partie, à l’interrogatoire, certes, il existe le DSM IV et des échelles d’évaluation, mais, on peut dire que le diagnostic, dans ce cas, est fait lors d’un interrogatoire rigoureux (presque policier).

Voilà pourquoi j’aime prendre, un peu, de mon temps pour interroger mes patients, qui deviennent, d'ailleurs, de plus en plus, impatients.


P.S. :

La différence qu’il y a avec les blogs médicaux des jeunes médecins, la génération montante, est que eux, voudraient améliorer leur condition d'exercice de la médecine libérale.

Hélas, nous les vieux, sommes devenus plutôt fatalistes.

Ils n'ont pas connu la période agréable à vivre des années 80 (je me suis installé en 1980) aux années 95. Certes, je suis un vieux con, mais je ne pense pas jouer dans le sentimentalisme des "cétait mieux avant". Interrogez mes confrères de la même génération que moi.

Moi, qui ne suis qu’un vieux con de généraliste, un vieux con de la vieille génération, un vieux con de la génération descendante, j’ai tout connu de l’ingratitude des gens. Il y a, quand même, encore, pas mal de patients gentils.

Par contre, je trouve que les jeunes patients, ceux de la génération montante, respectent de moins en moins le généraliste, celui-ci étant perçu, uniquement, que comme un prestataire de service.

La qualité de vie du médecin généraliste (et de certains spécialistes) se dégrade, inexorablement, de jours en jours, de mois en mois, d'années en années. Il y aura bien un moment où cela finira par s'arréter. J'espère que l'on n'en viendra pas à la célèbre phrase de Corneille (pas le chanteur) dans le Cid : "Et le combat cessa faute de combattants".

Seulement 10 % des médecins thésés (ayant terminés leurs études) s'installent en libéral.

Pourquoi ?

Commentaires

Ah! Cette patientèle.

Écrit par : le bourdon masqué | 07/10/2012

@ le bourdon masqué - Patiente ou Impatiente...

Écrit par : Dr Sangsue | 07/10/2012

pourquoi c'est pô le gamin qui répond ? à 7 ans il peut, non ?

quand j'étais enfant, ma mère avait tendance à faire ça chez le toubib. un jour, il lui a demandé d'aller attendre dans la salle d'attente. elle était vexée mais il a jugé que son diagnostic serait meilleur sans une "interprète".

Écrit par : ompha | 08/10/2012

@ ompha - c'est une remarque très fine. En fait, ils répondaient tout les deux, mais, pour la "beauté psychologique" du caractère de la mère, disons que j'ai, un peu, forcé la caricature.

C'est plus que vexant que l'on se fasse dire ce que l'on doit faire.

Ou comme toi, répondre à ta place, c'est infantilisant, surtout quand on commence à prendre son indépendance.

Ce qui me perturbe le plus, ce sont les enfants, plutôt les adolescents, qui restent muet, c'est rare, mais c'est pesant.

Écrit par : Dr Sangsue | 08/10/2012

Hors sujet mais je souhaite à vous et vos lecteurs une belle semaine, malgré tout les aléas de la vie.

Écrit par : Chantal | 08/10/2012

@ Chantal - Merci. Ici il pleut, mais pas trop. Cela fait un temps tropical avec une hygrométrie belle et chaude.

Écrit par : Dr Sangsue | 08/10/2012

c'est dur de se débarrasser de sa mère ... la mienne m'a accompagnée très tard chez la gynéco, dès fois que ...

Écrit par : Artémis | 08/10/2012

@ Artémis - Dans des cas comme cela, il ne faut pas répondre.
Et surtout pas, lors de réflexions désobligeantes voire carrément vexantes. Avant, le "client" ne répondaient pas.

Article 1 : Il y a une règle essentielle, pour cela, le "client" à toujours raison.

Se pose le problème épineux dans le cas d'un problème et d'une réponse dans un problème médical pur. Dans ce cas, bien souvent, la meilleure tactique est de se reporter à l'article 1, en espérant que "l'injonction paradoxale" fera le reste.

Et puis, après tout, on ne peut soigner un "client contre sa volonté.

Remarque ; Sauf urgence, un médecin a parfaitement le droit de refuser de soigner un patient (dans ce cas il vaut mieux une décharge, ce qui est facile à l'Hôpital et impraticable,en libéral. Eventuellement l'inscrire dans le logiciel médical).

Écrit par : Dr Sangsue | 10/10/2012

si ils sont muets sans les parents, y a souci en effet. mais pas sûr que les parents soient d'un grand secours dans ce cas là.

Écrit par : ompha | 12/10/2012

Les commentaires sont fermés.