13/05/2023
L’hôpital à la maison ou le Médecin généraliste, la Neurologue Hospitalière Japonaise et la COVID
Résultat du test PCR en faveur variant Omicron (Double clic gauche pour agrandir)
Depuis bientôt quinze jour, ma maison est devenue un hôpital.
Depuis quinze jours, j’ai, à la maison, la correspondante Japonaise de ma moitié.
Celle-ci, pas plutôt arrivée en France, présente le tableau clinique suivant :
- Asthénie très importante
- Diarrhée
- Léger fébricule à 38,5
- Toux
- Gène d’un coté du grill costal
Cette patiente Japonaise, Médecin Neurologue dans l'hôpital universitaire de Fukuoka, a bénéficié, dans son précédant séjour, d’un « test COVID » négatif.
Elle me montra les médicaments japonais qu’elle prenait (merci Internet pour savoir à quoi servait la médication) :
- ALLERGRA (antihistaminique)
- EDIROL (ELDECALCITOL (Vitamine D)
- EPADEL (complément alimentaire pour Hypothyroidie, Diabète et Pancréatite)
- LOXOPROFEN (AINS, anti inflammatoire non stéroïdien)
- CALONAL (ACETAMINOPHENE (nom chimique du PARACETAMOL)
- Des petits sachets, en plastique transparents, contenant une poudre blanche (qui intrigua les douaniers), portant écrit un mystérieux « PL » et des idéogrammes, Notre hôte me fit la traduction de cette poudre me donnant sa composition (ACIDE ACETYLSALICYLIQUE, nom chimique de l’Aspirine), ACETAMINOFENE nom chimique du PARACETAMOL, Caféine, et PROMETHAZINE). Bref une soupe médicamenteuse dont je parlais dans mon article du 22/08/2013 : «Les soupes médicamenteuses».
- LANZOPRAZOLE, un anti acide gastrique de la famille des inhibiteurs de la pompe à protons)
- LOSARTAN 2,5 mg, nom que je connais bien, antihypertenseur appartenant à la famille des inhibiteurs de l'angiotensine II.
Visiblement, notre Neurologue s’était bricolé son traitement. On comprend mieux pourquoi le Médecin Généraliste est plus performant, pour rédiger une ordonnance, qu’un Spécialiste (le généraliste connaissant toutes les maladies et leur traitement). Le Généraliste faisant, ainsi ce que l’on appelle la «Médecine Interne».
Devant l’aggravation de ce tableau d’asthénie intense, nous fîmes appel, en milieu de nuit, ma mie et moi, à un Médecin d’SOS Médecins.
Il est à noter, vu la demande de réévaluation de la visite à domicile des médecins, SOS Médecins a supprimer toute visite à domicile sauf pour les enfants de moins de 3 ans et des personnes de plus de 65 ans.
Ce médecin se déplaça car notre Médecin Japonaise avait atteint 70 ans.
Celui-ci, après un interrogatoire un peu laborieux lié à la barrière de la langue et un examen clinique correct, conclut à une intoxication alimentaire. Intoxication alimentaire due, selon lui et d’après les dire de notre hôte, à un repas dans un restaurant lors de son précédant séjour dans la ville de son amie Française. Mais aussi, à une bronchite.
Il lui prescrit, pour la bronchite, un antibiotique (AMOXICILINE), du PARACETAMOL, pour la fièvre et, pour la diarrhée, un anti diarrhéique et en antispasmodique.
Devant l’accentuation de l’asthénie que je cotais à 8, par allusion à l’échelle EVA, nous priment la décision de l’amener consulter à la maison médicale d’SOS Médecins. Non sans passer par la case (Laboratoire Analyse Médicale) pour un PCR mais aussi, vu le rendez vous, dans l’après midi, à la maison médicale, un test antigénique en pharmacie.
Le test antigénique s’avéra négatif.
Le second médecin SOS, induit en erreur par la négativité du test antigénique pratiqué par le Pharmacien, changea l’antibiotique (AMOXICILLINE/ACIDE CLAVULANIQUE) et prescrit un bilan biologique sanguin (NF VS CRP) et bilan urinaire (ECBU).
Redirection au LAM.
Résultat des courses, bilan sanguin et urinaire négatif, mais…
Le résultat du test PCR, reçu en même temps, s’avéra, lui, positif au variant K417n d'Omicron.
Tout redevenait simple : 5 signe pour une maladie plutôt que 5 signes pour deux maladies.
La diarrhée étant expliqué par la présence du variant Omicron au PCR et pas une intoxication alimentaire.
Cela expliquait, aussi, l’asthénie importante, la fièvre la toux qui, indirectement, provoquât les douleurs costales.
Il a fallu que je m’y prenne plusieurs fois pour expliquer à notre Neurologue pourquoi le test antigénique du Pharmacien revint négatif alors que le test PCR, lui, revint positif avec en plus, cerise sur le gâteau, l’identification du variant). En effet, le test antigénique donne un résultat plus rapide mais il est moins précis que le PCR qui donne un résultat en 24 heures. Le test antigénique donne, ainsi, des faux négatifs.
Notre hôte, à cause de son asthénie resta couchée, chez nous, au lit, une semaine.
Puis vint la phase de récupération avec une dyspnée d’effort.
En effet, en étant couchée, notre patiente avait perdu son adaptation cardiaque à l’effort. C’est là qu’intervint mes connaissance sportives (due à mon CES de Médecine du sport).
Je lui expliquais, donc comment rééduquer son cœur à l’effort en faisant des exercices fractionnés de marches forcée (5 minutes de marche forcée suivis par 5 minutes de repos et ainsi de suite jusqu’à abandon). Je lui expliquait que selon la formule d’Astrand la fréquence cardiaque maximum (qu’elle ne pourra pas atteindre pendant 5 minutes) donnait, pour son âge, 220 – année d’âge = 220 – 70 = 150 battement par minute.
Bilan des courses, notre Neurologue s’était bricolé un traitement, avec, en outre un traitement anti hypertenseur (LOSARTAN) discutable car instauré lors d’un stress psy, sans consulter un cardiologue pour passer une MAPA (Mesure Ambulatoire de la Pression Artérielle). Traitement qui se révéla dangereux car expliquant, par sa poursuite, une pression artérielle au tout début de la maladie à 6/4 !
Il est à noter que notre patiente se prenait la température auriculaire 5 fois par jours et me décrivait, dans le détail ses symptômes, en bonne patient hypocondriaque*, me posait question sur d’éventuelles séquelle post COVID.
Après une semaine au lit et une semaine de convalescence, 15 jours, ma patiente, pour prendre le train, quitta enfin notre hôpital.
De cette histoire, on voit, bien, alors l’utilité du Médecin Omnipraticien qui connait, certes de façons moins précise que le spécialiste, toutes les pathologies des différentes spécialités médicales.
Gaston Ouvrard* "Je ne suis pas bien portant" - Archive INA
Référence : Variant Omicron : quelle surveillance mise en place ?
*Gaston Ouvrard, auteur de cette chanson "Je ne suis pas bien portant" fait partie des "comiques troupiers"
P. S. : Petite précison, fort heureusent, aucun des membres de la famille ne c'est choppé cette saloperie de virus.
12:22 Publié dans Anecdote, La pensée du jour, Le mot du jour, Médecine, Musique, Potins, Santé, Science, Société, Société, Vie pratique, Voyage | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Cher docteur, vous avez vécu une "histoire médicale" bien rocambolesque.
Bonne soirée
Écrit par : Hibou | 15/05/2023
@Hibou - c’est vrai une semaine au lit avec une fatigue intense me posa question. Heureusement que j'ai fait pratiquer un test PCR.
Ce qui me fait plaisir, c'est que je n'ai pas tout à fait perdu la main.
Écrit par : Docteur Sangsue | 15/05/2023
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