05/09/2012
Médecine Générale 2.0
Crédit Photo : http://www.lecarnetdemadrid.com/
Ce texte est publié simultanément sur 24 blogs de médecins généralistes.
Je me suis permis d’en faire un résumé, en espérant avoir respecté, le plus fidèlement possible l’esprit du texte. Je n’ai fait que supprimer quelques passages pour alléger le texte et faciliter ainsi sa lecture.
Si voulez lire l’article, en entier, vous pouvez le télécharger, en fichier PDF, ICI.
Résumé du texte :
Médecine générale 2.0
Les propositions des médecins généralistes blogueurs
pour faire renaître la médecine générale
Comment sauver la médecine générale en France et assurer des soins primaires de qualité répartis sur le territoire. Chacun semble avoir un avis sur ce sujet, d’autant plus tranché qu’il est éloigné des réalités du terrain.
Nous, médecins généralistes blogueurs, acteurs d’un « monde de la santé 2.0 », nous nous reconnaissons mal dans les positions émanant des diverses structures officielles.
À l’heure où les discussions concernant l’avenir de la médecine générale font la une des médias, nous avons souhaité prendre position.
Notre ambition est de délivrer à nos patients des soins primaires de qualité, dans le respect de l’éthique qui doit guider notre exercice, et au meilleur coût pour les budgets sociaux.
Sortir du modèle centré sur l’hôpital
La réforme de 1958 a lancé l’hôpital universitaire moderne. C’était une bonne chose qui a permis à la médecine française d’atteindre l’excellence, reconnue internationalement.
Pour autant, l’exercice libéral s’est trouvé marginalisé.
L’exercice hospitalier et salarié est ainsi devenu une norme, un modèle unique pour les étudiants en médecine, conduisant les nouvelles promotions de diplômés à délaisser de plus en plus un exercice libéral qu’ils n’ont jamais rencontré pendant leurs études.
Il nous semble nécessaire de réformer profondément la formation initiale des étudiants en médecine.
Cette réforme aura un double effet :
Rendre ses lettres de noblesse à la médecine « de ville » et attirer les étudiants vers ce mode d’exercice.
Apporter des effectifs importants de médecins immédiatement opérationnels dans les zones sous-médicalisées.
Il n’est pas question dans ces propositions de mesures coercitives aussi injustes qu’inapplicables contraignant de jeunes médecins à s’installer dans des secteurs déterminés par une tutelle sanitaire. Toute mesure visant à obliger les jeunes MG à s’installer en zone déficitaire aurait un effet majeur de repoussoir, poussant les jeunes générations vers des offres salariées (nombreuses).
C’est au contraire une véritable réflexion sur l’avenir de notre système de santé solidaire que nous souhaitons mener.
Idées-forces
1) Construction par les collectivités locales ou les ARS de 1000 maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) qui deviennent aussi des maisons médicales de garde pour la permanence des soins, en étroite collaboration avec les professionnels de santé locaux.
2) Décentralisation universitaire qui rééquilibre la ville par rapport à l’hôpital : les MSP se voient attribuer un statut universitaire et hébergent des externes, des internes et des chefs de clinique. Elles deviennent des MUSt : Maisons Universitaires de Santé qui constituent l’équivalent du CHU pour la médecine de ville.
3) Attractivité de ces MUSt pour les médecins seniors qui acceptent de s’y installer et d’y enseigner : statut d’enseignant universitaire avec rémunération spécifique fondée sur une part salariée majoritaire et une part proportionnelle à l’activité.
4) Création d’un nouveau métier de la santé : « Agent de gestion et d’interfaçage de MUSt » (AGI). Ces agents polyvalents assurent la gestion de la MUSt, les rapports avec les ARS et l’Université, la facturation des actes et les tiers payants. De façon générale, les AGI gèrent toute l’activité administrative liée à la MUSt et à son activité de soin. Ce métier est distinct de celui de la secrétaire médicale de la MUSt.
Aspects financiers : un budget très raisonnable
La construction de 1000 MUSt coûtera moins cher que 5 ans de médicaments anti-Alzheimer ou qu’une vaccination antigrippale comme celle engagée contre la pandémie de 2009.
Les internes étaient rémunérés par l’hôpital, ils le seront par l’ARS. Les honoraires générés par leur activité de soin devraient compenser les frais que l’hôpital devra engager pour les remplacer par des FFI, permettant une opération neutre sur le plan financier, comme ce sera le cas pour les externes.
Il nous semble que le retour des médecins dans les campagnes est un objectif sanitaire, qui justifie lui aussi un « Plan » et non des mesures hâtives dépourvues de vision à long terme.
N’oublions pas non plus qu’une médecine de qualité dans un environnement universitaire est réputée moins coûteuse, notamment en prescriptions médicamenteuses. Or, un médecin « coûte » à l’assurance-maladie le double de ses honoraires en médicaments
Les secrétaires médicales seront rémunérées en partie par la masse d’honoraires générée, y compris par les « libéro-universitaires », en partie par la commune ou l’intercommunalité candidate à l’implantation d’une MUSt.
Et quoi d’autre ?
Dans ce document, déjà bien long, nous avons souhaité cibler des propositions simples et originales. Nous n’avons pas voulu l’alourdir en reprenant de nombreuses autres propositions déjà exprimées ailleurs ou qui nous paraissent dorénavant des évidences, par exemple :
L’indépendance de notre formation initiale et continue vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique ou de tout autre intérêt particulier.
La nécessité d’assurer une protection sociale satisfaisante des médecins (maternité, accidents du travail…).
La nécessaire diversification des modes de rémunération. Si nous ne rejetons pas forcément le principe du paiement à l’acte – qui a ses propres avantages – il ne nous semble plus pouvoir constituer le seul socle de notre rémunération. Il s’agit donc de :
— Augmenter la part de revenus forfaitaires, actuellement marginale.
— Ouvrir la possibilité de systèmes de rémunération mixtes associant capitation et paiement à l’acte ou salariat et paiement à l’acte.
— Surtout, inventer un cadre flexible, car nous pensons qu’il devrait être possible d’exercer la « médecine de famille » ambulatoire en choisissant son mode de rémunération.
La fin de la logique mortifère de la rémunération à la performance fondée sur d’hypothétiques critères « objectifs », constat déjà fait par d’autres pays qui ont tenté ces expériences. En revanche, il est possible d’inventer une évaluation qualitative intelligente à condition de faire preuve de courage et d’imagination.
La nécessité de viser globalement une revalorisation des revenus des généralistes français qui sont aujourd’hui au bas de l’échelle des revenus parmi les médecins français, mais aussi en comparaison des autres médecins généralistes européens. lorsque les généralistes sont mieux rémunérés, les dépenses globales de santé baissent !
Riche de notre diversité d’âges, d’origines géographiques ou de mode d’exercice, et partageant pourtant la même vision des fondamentaux de notre métier, notre communauté informelle est prête à prendre part aux débats à venir.
Dotés de nos propres outils de communication (blogs, forums, listes de diffusion et d’échanges, réseaux sociaux), nous ambitionnons de contribuer à la fondation d’une médecine générale 2.0.
P.S. :
Si vous avez un Blog Médical et si vous voulez publier cet article dans votre Blog, vous pouvez aussi signer cet article à l’URL suivante :
http://www.atoute.org/n/Medecine-Generale-2-0.html#sp271
15:05 Publié dans Actualité, Blog, Coup de gueule, Médecine, Politique, Potins, Santé, Société, Vie pratique, Web | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
c'est beau de rêver
tu ne peux pas lutter contre la "logique politico-demago-bureaucrato-financière"
le MG est traité comme un employé, payé comme tu le sais, alors qu'on nous considère comme des nantis
Si tout cela se réalise, c'est Lourdes et il y a longtemps qu'on sera à la retraite
Écrit par : alain | 05/09/2012
@ alain - Je sais ce que tu dis. On est des vieux, on ne se fait plus aucune illusion.
Mais on peut bien aider un peu les jeunes dans leur démarche. Dans cette situation, quand on commence à faire parler de soi c'est une occasion...
Même si c'est pour rêver, au moins on aura passé un peu de bon temps.
Quand à la retraite...
Écrit par : Dr Sangsue | 05/09/2012
On est des vieux jeunes dans nos têtes...pour le moment
effectivement on aura eu un peu de bon temps et on aura rigolé jusqu'au moment où on va nous annoncer le montant de cette fameuse retraite, si montant il y a :=( mal barré le truc...
Écrit par : alain | 06/09/2012
ouh là là .... je commence à regretter d'avoir mes deux jeunots dans cette "galère" !
Écrit par : Artémis | 06/09/2012
@ - alain - Une soluce, travailler jusqu'à 90 ans, la machine suivra-t-elle. au fait Moon est mort à quel âge ? ah, oui, 92 ans (merci wikipédia), mais j'ai quand m^me peur qu'on n'y arrive pas. Disons jusqu'à ce que mort s'uive...
@ Artémis - On arrive encore à vivre un peu avec le métier de Médecin, de moins en moins bien, certes, mais quand on aime son boulot, ça permet de supporter, un peu mieux, son amertume. :-/
Si l'or, c'est de l'argent, les sous, ce n'est pas de l'argent. :-//
Écrit par : Dr Sangsue | 07/09/2012
Je suis rassurée ... allez mes petits "au boulot" ; maman va devoir travailler jusqu'à 90 ans pour vous, alors il va falloir me soigner pour que je tienne le coup ;-)
Écrit par : Artémis | 07/09/2012
A 90 balais, il faudra une éponge pour me sortir en promenade...
tu m'appelleras Bob
Écrit par : alain | 07/09/2012
et moi un déambulateur électrique avec tuteur intégré et je ferai la course avec mes vieux collègues dans le couloir.
Écrit par : Artémis | 07/09/2012
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