Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/01/2015

Deux ans après


Crédit Photo : http://www.mon-maitre-scapin.com/


J'ai, dans ma clientèle, un patient sourd et muet, cela va de pair, quand on est sourd, on est muet car on a pas le retour du son.

Ce patient est marié... avec une patiente atteinte d'un Syndrome d'Usher (maladie génétique orpheline), c'est à dire qu'elle est sourde, bien sur muette, mais, en plus... aveugle. Au départ, elle était sourde et muette, puis, de part sa maladie, elle est devenue aveugle par la suite. Bref, une horreur.

Ils se rencontrèrent dans une Institution pour Sourds et Muets, où, bien évidemment, eurent lieu beaucoup de mariages.

N'oublions pas que c'est l'Abbé de L'Épée, qui fut le précurseur de l'enseignement dispensé aux sourds et muets. il fut le précurseur, aussi, du Langage des Signes Française (LSF). On lui doit donc la création de ce type d'institutions.

Ils eurent un garçon tout à fait normal qui est très bien insérée dans la vie.

Inutile de dire, qu'avec eux, les consultations sont loin d'être simple.

Pour communiquer le plus souvent, en parlant lentement et articulant devant le patient mais aussi en écoutant bien, car il arrive, quand même, à se faire, à peu près, comprendre, cela peut suffire. Mais, souvent il faut bien en arriver à la feuille papier. J'ai bien essayer Word, une fois, cela a très bien fonctionné mais il fallait tourner l'écran, pas pratique, j'ai abandonné pour en revenir à cette bonne vieille feuille papier.

Lui, pour communiquer avec elle, il lui écris dans la main.

Puis assez rapidement, on se fait à ce type, bien particulier, de consultation.

Une fois, il m'amena sa femme en me disant qu'elle était très fatiguée. Perplexe, je lui fit faire, comme en Médecine Vétérinaire, un Bilan Sanguin qui révéla une anémie du feu de dieu. Elle avait  quarante huit ans et était en périménopause, elle avait certainement des règles plus qu'abondantes, ce qui pouvait largement expliquer cette anémie cause de l'asthénie (fatigue). Direction la Gynéco. Qu'elle chance pour celle-ci, le diagnostic lui était apporté sur un plateau. Mais j'imagine, quand même, sa tronche quand elle les vit débarquer dans son cabinet. Pour une fois, là, le Médecin Généraliste prenait toute son importance.

Il se trouva que ce patient développa une hypercholestérolémie qui fut cadrée. Il développa ensuite une Hypertension Artérielle bien équilibrée par la médication. Jusque là tout allait comme sur des roulettes, consultation tous les trois mois, puis... plus rien.

Je pensai qu'ils avaient changé de Médecin Traitant.

Quand, deux ans plus tard je les vis revenir à la consultation. Il se trimbalait, depuis deux ans, avec 17/9 de tension, un peu beaucoup quand même !

Comme il me le dit : "Une fois, j'ai oublié un mois et...

Comme tout allait bien, depuis, j'ai tout arrêté".

Pourquoi est-il revenu, mystère.

 

Commentaires

Ton histoire me rappelle des représentants syndicaux que je recevais régulièrement. Ces deux messieurs représentaient le personnel d'un atelier protégé, et donc, ils étaient aussi handicapés tous les deux.
L'un était sourd, mais il parlait très bien, et l'autre était quasiment non-voyant.
La première fois que je les ai vus débarquer à ma "consultation" ou plutôt à ma permanence, l'aveugle était guidé par le sourd, lequel avait l'air d'un joyeux luron et se marrait tout le temps (j'ai mis du temps à comprendre pourquoi).
Je les ai installés et puis je les ai écoutés me raconter leurs problèmes ... et il a bien fallu que je leur explique comment les régler.
Bon, avec l'aveugle, ça me faisait un peu drôle puisque il "regardait" partout sauf dans ma direction, le sourd continuait à se marrer en me regardant fixement ...
Je ne savais plus trop lequel regarder en parlant et je me demandais s'ils comprenaient ce que je disais.
Ambiance

Et puis d'un coup, j'ai fini par comprendre que je braillais littéralement quand l'aveugle m'a dit :"ne parlez pas si fort, moi je suis pas sourd et lui il entend rien".
Me voilà partie pour un fou-rire contagieux, et les mecs en face étaient aussi morts de rire. Quand on s'est tous calmés, le sourd m'a expliqué que je n'articulais pas assez et qu'il avait du mal à lire sur mes lèvres.
Après, je les ai revus plusieurs fois et j'articulais à mort, mais j'élevais la voix sans vraiment m'en rendre compte ... et à chaque fois l'aveugle me disait : "pas la peine de crier comme ça il est sourd" et filait un coup de coude à l'autre qui se marrait. Bref, on a fini par s'habituer, enfin moi surtout.

Écrit par : Artemis | 21/01/2015

Les commentaires sont fermés.