08/02/2024
Le style et la technique de Mark Knopfler, à propos de l’histoire de Dire Straits
La toute première guitare de Mark Knopfler, une Höfner V2 Super Solid, qu'il a reçue de son père pour ses 14 ans
Cet article est fondé, pratiquement dans son entier du remarquable: Mark Knopfler – « l’homme tranquille du rock ‘n’ roll». Mais aussi, un peu, de l’article de Wikipédia sur Mark Knopfler.
Il fait suite à mes modestes publications :
- 03/08/2021 : « Sultans of Swing - Dire Straits - 1986 - Live in Sydney »
- 19/01/2024 : « Les solos de guitares, à partir de deux exemples : Sultans of swing et Hôtel California ».
Comme il est écrit juste après, en ce qui concerne l’admiration que portait Mark Knopfler et sa guitare, la Fender Stratocaster couleur Fiesta Red, vous pouvez lire, sur Hank Marvin, mon article du 09/05/2021 : « The Shadows, Hank Marvin et sa Statocaster ».
Mais revenons à nos moutons, je veux dire à mon article.
Mark Knopfler
Mark Freuder Knopfler est né le 12 août 1949 à Glasgow (Écosse) d'une mère anglaise, Louisa Mary (née Laidler), et d'un père hongrois, Erwin Knopfler. Sa mère était enseignante et son père architecte et joueur d'échecs.
C’est pourtant à Newcastle que Mark Knopfler découvre ses premières notes de blues, auprès de son oncle Kingsley. Déjà, le son éraillé de l’harmonica et le swing du boogie-woogie touchent profondément le jeune homme. Il écume les magasins de guitare de la ville et les connaît par cœur. Puis il nourrit une profonde admiration pour le guitariste des Shadows, Hank Marvin. La fascination est grande, très grande. Mark Knopfler veut la même guitare, une Fender Stratocaster couleur Fiesta Red, popularisée par Hank Marvin lui-même. Mais pas de chance, l’apprenti musicien devra se contenter d’une Hofner Super Solid, offerte par son père.
Mais il faut bien gagner sa vie, Alors, jeune adulte, il devient reporter pour un journal local de la ville de Leeds. Petit journaliste musical, il est âgé de 27 ans quand son frère David lui présente le bassiste John Illsley. Ils décident, alors, de s'installer dans un studio et de tenter de vivre de leur musique. Les débuts sont difficiles et le groupe vit avec des moyens très limités.
Dire Straits
C'est cette situation qui influence le groupe, initialement appelé The Cafe Racers, pour le choix de son nom : to be in dire straits peut en effet se traduire par "être dans la dèche", "avoir du mal à joindre les deux bouts" ou "être dans une situation désespérée (financièrement)".
Les premiers enregistrements ont lieu en 1977. Parmi les cinq titres proposés, le fameux « Sultans of Swing » se démarque des autres. Et lorsqu’il est diffusé lors de l’émission Honky Tonk, c’est tout de suite l’effervescence. La société Phonogram les engage de suite pour cinq albums et c’est le début d’une longue histoire.
Sultans of Swing — Dire Straits - 1986 - Sydney Live
Le style et la technique de Mark Knopfler
Le style de Mark Knopfler se caractérise par un son clair, avec un peu de Crunch[1], mais surtout un doigté singulier. Un beau croisement entre la sobriété déconcertante d’un Chet Atkins et le phrasé expressif, presque dissonant d’un Bob Dylan.
la technique presque indéchiffrable de sa main droite est le produit d’un subtil mélange de chicken-picking[2], (dérive du finger-picking[3], qui demande d’aller chercher en saut de cordes, une corde plus éloignée avec un seul doigt), et de clawhammer[4], (technique complexe, utilisée principalement pour le Banjo), Mark claque les cordes avec la pulpe du pouce, de l’index et du majeur rendant ainsi ce son cristallin et chaleureux.
Si Mark Knopfler est gaucher, il joue comme un droitier, sur une guitare pour droitier dont les cordes sont montées à l'envers, alternant de puissants bends[5] avec de belles « dead notes[6] ». Comme il joue sans médiator, son style à la main droite est une variante personnelle du style « clawhammer », dérivé du banjo, dans sa façon de positionner sa main et de frapper les cordes avec les doigts et les ongles. Sa main gauche (de gaucher), plus forte, lui permet de réaliser des vibratos[7] et des bends très marqués.
C’est, d’ailleurs, le fait de jouer sans médiator qui lui a valu, dans les années 80, le surnom de « l'homme tranquille du rock 'n' roll ».
Le plus grand succès de Dire Staits reste, sans aucun doute, «Brothers in Arms» sorti en 1985. La pochette en met plein la vue. Derrière un ciel bleuté, la fameuse guitare « National Style O » de 1937, se dévoile, resplendissante. Désormais Mark s’achète de la marque et il collectionne, même, les guitares, jusqu'à en avoir 120[8] : des Schecter et des Pensa (dont la fameuse Suhr MK1 utilisée pour «Money for Nothing»). L’album s’accompagne d’une tournée monumentale avec plus de 248 concerts dans 117 villes différentes. On se remémore, encore, le mythique Wembley Arena, lors du Live Aid de Londres, le 13 juillet 1985, avec l’entrée-surprise d’Hank Marvin, en plein milieu du concert.
Dire Straits - Brothers in Arms - Live à Bâle (Suisse) - stade Saint-Jacques - 28 juin 1992
Dire Straits & Hank Marvin - Going Home [Wembley Arena - 1985]
Une vidéo sur le style Mark Knopfler et l’histoire de Dire Staits :
Mark Knopfler, le plus grand Guitar Hero ? L'histoire de Dire Straits
[1]Crunch (de l'anglais crunch, littéralement « croustillant ») est un niveau de saturation appliqué sur les guitares électriques, entre le son clair et la franche distorsion.
[2] Le chicken picking est très similaire de l’hybrid picking. La différence est que les doigts et le médiator ne sont pas séparés entre les cordes (graves et aiguës). Au lieu de cela, ils sont utilisés ensemble. Le chicken picking consiste à pincer la ficelle ou à la tirer vers l'extérieur avec votre doigt, puis à la couper immédiatement avec un autre doigt. Cela donne moins de bruit et plus de précision à la note. Cela peut être fait soit avec le médiator et un doigt, soit avec deux doigts.
[3] Le picking (ou finger-picking, littéralement «cueillette au doigt») est une technique de jeu utilisée à la guitare (surtout en acoustique). Elle est très répandue dans le blues et la musique country. Elle fut inventée au début du XXe siècle aux États-Unis, dans les États du vieux Sud, notamment dans les Appalaches (Carolines, Virginies). Comme son nom l'indique c'est une technique de jeu qui consiste à gratter les cordes avec les doigts (finger).
[4] Le Clawhammer et le Frailing sont deux types de Picking utilisés en banjo (de type Open-Back de préférence) et, plus rarement, en guitare. Il existe néanmoins une différence entre le Clawhammer et le Frailing : si dans les deux cas, on utilise le pouce et l'index en attaquant les cordes de haut en bas, dans le cas du Clawhammer, on ne brosse pratiquement jamais d'accords, et le pouce peut frapper d'autres cordes que la cinquième.
[5] Le bend est une technique guitaristique également utilisée sur certains autres instruments à cordes. Elle consiste à tirer latéralement une ou plusieurs cordes afin d'augmenter leur tension, cela a pour effet de monter légèrement la hauteur du son. On rencontre parfois l'expression « tiré » en français ; to bend signifie « courber » en anglais.
[6] En musique, notamment en jazz, une dead note ou Ghost note est une note musicale avec une valeur rythmique, mais sans hauteur perceptible lorsqu'elle est jouée.
[7] Le vibrato (repris du même substantif italien, dérivé de l'adjectif vibrato, « vibré ») est une modulation périodique du son d'une note de musique. La nature de cette modulation (purement de hauteur ou non) dépend de la nature de l'instrument et de la technique qu'utilise le musicien.
[8] Le mercredi 31 janvier 2024 a eu lieu la dispersion, chez Christie’s, à Londres, des 120 guitares appartenant à Mark Knopfler maintenant âgé de 74 ans. Au moins un quart des bénéfices sera reversé à des organisations caritatives, dont la Croix Rouge britannique.
Et, en bonus, une vidéo sur la collection de guitares de Mark Knopfler mise aux enchères chez Christie’s.
The Mark Knopfler Guitar Collection | Christie's Inc
Références :
- Mark Knopfler – « l’homme tranquille du rock ‘n’ roll »
14:42 Publié dans Culture, Culture, Loisirs, Mots, Musique, Société, Société, Vidéo | Lien permanent | Commentaires (0)
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